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Oui Oui²

28 octobre 2008

1?2?3?

Ses cheveux las et ses yeux sombres se suspendirent un instant, puis se contractèrent pour former cette grimace cruelle de la face en pleurs. Elle hoquetait de désespoir, affaiblie et accroupie, repliée sur elle comme lorsque la douleur saisit à la nuque, réaction observable chez l'animal lorsque la peur est paralysante, ou le contrecoup d'une fuite terrassant. Elle tâchait de cacher, de ses mains trop petites, cette larmoierie pénible, alors que son corps entier, par ses sursauts, la trahissait. Son teint halé, uniforme et beau, que son maquillage léger lui conférait à l'habitude, au renfort d'un subtil rose sur les joues, se trouvait tachetée par les disgracieuses rougeurs que le chagrin provoque. Les pleurs enlaidissent avec hargne, comme si la Nature appelait la charité humaine à se reposer à l'ombre des oasis lacrymaux. Aussi, parfois, de douloureux accrocs d'une bave dense s'élançaient de ses deux lèvres roses lorsqu'elles se retroussaient sur sa dentition blanche et luisante comme de la porcelaine. Mais il y avait leurre; alors ce regard qui scrutait, droit, ce visage déformé, glissait comme à reculons, guidé par les courbes soyeuses, sur une poitrine adolescente rythmée par une respiration désordonnée suffisamment découverte pour rappeler certaines voluptés. Spectateur de cette scène d'une bafouée écrasée sous d'atroces déceptions qui se réfugie, tant ses repères sont anéantis, à la source même du mal et, pire!, qui la prend pour remède, il était toutefois incrédule de ne ressentir qu'un lourd ennui, et devait se rappeler à chaque instant qu'il vivait cette situation. Pour pleurer ainsi, il fallait que la douleur l'emplît et fit céder, jusqu'à ses yeux, par une pression titanesque les barrages cimentés d'orgueil que la dignité dresse. Les passants n'y trouvaient pas leur pain, puisqu'il n'y avait ni cris, ni coups, et passaient alors dans la plus hermétique indifférence. Fidèle à ces attitudes qui rendent l'air neutre et fade jusqu'à l'écoeurement, le ciel restait une toile de fond insipide, dont les étoiles nocturnes sont volées par quelques lampadaires que les mendiants s'égaient à arroser de leur urine.
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25 octobre 2008

Lettre.

"Mon âme, de longues années que je n'ai pu te voir de nouveau. C'était en salon, n'est-ce pas, tu étais allongée, lascive, sur un divan. Je parlais peu il est vrai, mais ne me le reproche pas à moi, c'était voulu, comprends-moi. Le froid était terrible dehors, et on donnait la Sonate à Kreutzer, cette sonate, elle, est beaucoup plus éloquente que moi et, même, si je le pouvais, si j'en avais le génie et la finesse, je te l'enverrais par lettre.
Mais je n'ai que les mots, mon âme, qui bordent comme ils peuvent mes pensées d'enfant. Cette sonate, ce divan, cette ambiance jaune et feutrée, chaude, ont été mon refuge depuis quand, esseulé, je matte l'ennui par ta voix. J'étais puéril, pardonne-moi, tu étais adorable et, bien que tes yeux noirs m'aient toujours causé une peur superstitieuse, je ne me lassais pas de te soustraire ton idéal et d'y trouver, incrédule et heureux, une différence nulle. Le fantasme et le rêve, séparés l'un de l'autre par l'éveil, t'acceptaient comme compromis.
Je ne suis pas offensé qu'il ne t'en souvienne pas. Peut-être t'en souviens-tu.
Chère, ignorez les lignes suivantes si vous ne voulez connaître la culture délabrée que je persiste à soigner. Dans mon enfance -car mon âge était le vôtre lorsque vous daignâtes tomber des hautes sphères, mon ange- je lus que la volonté de dominer était maîtresse des volontés. Mais il y a-t'il domination à votre encontre? Mes bontés parviennent à vous par les voies que vous leurs permettez, et cesseront à l'instant où vous serez lassée, ma belle. Dites, dites-moi, à quelle heure ennuyée vos jambes si minces et si longues et vos épaules champagnes divertiront mon univers, pôle infini succombant sans cesse ni répit à la mollesse des tiédeurs extrêmes, sans vous? Et si romantique qu'on soit, qu'on puisse chanter des hymnes à la beauté ornés de soleils noirs ou des rochers venteux, on ne peut dire une fois votre personne connue que les objets d'ici bas interrompent le cours de la lumière en la réfléchissant car vous ne pouvez être la source que de toute les beautés, et l'ombre se cache de vos admirables attitudes.
J'anticipe, chère, car vous me demanderez pourquoi je vous ai quittée? Pourquoi mon silence amoureux que camouflait la Sonate était un adieu? Mais elle était riche, vous savez. La honte m'oppressait! Vous m'aimiez, et j'avais atrocement honte, moi! Mes sentiments d'homme resté naïf, d'homme que l'on raille au travail pour ses sentiments chrétiens et qui, avec humilité, quand ils rient, les regarde rire, car ils ont raison, sûrement, je suis trop idiot pour les comprendre, ces hommes là, qui se battent et battent leur femme et leurs filles et leurs fils. Je suis de ceux qui ne rendent pas les coups, pis encore, que les coups rendent plus humble. Vos sentiments à mon encontre étaient une joie, une joie rendue coup par l'écart de nos fortunes! "Qu'importe votre rang!" me disiez-vous, les yeux pétillant, débordant de malice, lorsque nous étions, mains dans les mains, à la lueur de l'âtre de votre moelleux salon.
Elle était riche! Elle était aussi froide que le plus froid des monstres froids, aussi inerte qu'un lingot! Mais son argent me hissait à votre hauteur, ma petite âme, et je m'honorais d'être votre égal. Je suis parti sans vous dire adieu, je l'admets, sans rien vous dire, sans même que vous sachiez que je partais, mais je ne me suis pas enfuie, comme vous me le reprochez cruellement. Je voulais notre idylle immaculée, dût-il y avoir des coulisses dans lesquels je devais opérer. (je jugeai ma fuite comme un sacrifice nécessaire dont vous entendriez l'honorabilité et le mérite.)
Néanmoins vous savez le drame, l'argent ne l'a pas sauvée, cette femme, elle est morte. Ses proches me méprisaient, ils me disaient intéressé, on ne m'a pas laissé parler au notaire, ni assister aux obsèques. Alors j'ai pleuré un peu devant l'autel sacrificiel monté sur ces longues années d'absence, qui ne nous vaudront que votre amertume, mon coeur, et j'ai pris le premier train qui pouvait me ramener à vous. Sa fortune restera à eux, car son testament est vierge de mon nom. Vous êtes un ange, et elle une garce, ma belle. Je n'ai pas le sou, plus miséreux qu'avant encore. Croyez-moi, seul ce qui ne peut se dire avec perfection a pu me pousser au sacrifice de ne pas vous voir pendant de si longues années et seul le désir de me montrer à votre rapport, que vous puissiez me considérer comme un frère, et non comme un fils que vôtre esprit prolifique aurait engendré par mégarde, a pu me donner le courage de feindre si longtemps un attachement que je ne peux ressentir qu'à votre pensée. Jamais vous ne m'avez quitté, et je modulais sa voix pour qu'elle devienne vôtre, bien qu'elle soit inimitable. Trop longtemps que je pense à vous pour pouvoir vous écrire avec clarté, et le train me balote trop pour que j'ordonne tout cela.
Mon silence, vos lettres restées sans réponse, c'était une bêtise, mais je ne pouvais vous écrire, croyez-moi.
Cette après-midi, après l'heure dite, on sonnera à vos appartements, et ce sera

VOTRE FIDÈLE DÉVOUÉ. "

25 octobre 2008

Il était trois heure à peine, trois heures toutes

Il était trois heure à peine, trois heures toutes crues qui gisaient dans mon assiette. Longtemps rêvées!
J'expirais avec emphase une fumée opaque que l'air peinait à dissiper. Les tempes pressées, les yeux brûlants, je sens le mur céder sous la pression.
Haletant, nouvellement niais, tout est propre. Je suis une jeune fille qui rit au milieu de rochers burinés. L'érosion me laisse une place à laquelle je me prélasse. Ma voix inaudible ne suit qu'une seule direction.
Un ciel lumineux et ouvert, éclatant, fronce mes sourcils blonds. Une tiédeur rend mes membres moites.
Un objet que je ne peux voir pénètre en mon crâne qui se livre.
Des mots! Des mots! Des mots m'échappent en colliers que je brade. Y trône mon effigie travaillée avec méticulosité.
L'extase s'immobilise et j'y monte. Elle emporte mes châteaux au vent et sans regret je les abandonne d'un sourire que je ne peux surmonter.
La fraise est rouge et j'y peux brûler mes doigts. Si elle s'éteint alors mon bonheur cesse.

Un soir nous célébrions les vêpres. J'étais un vague Elle auréolé d'une beauté diffuse mais admise. Au delà de la chapelle qui nous abritait la falaise tombait à pic et la mer s'y brisait avec furie. Alors de la mer brisée et de la lumière apparaissaient d'éphémères arc-en-ciel. L'eau du bénitier était inodore.
L'herbe brûlée craquait sous nos bottes de cuir.
Stupeur et incompréhension étaient nos lois. Nous aurions survécu si nous n'avions pas eu l'audacieuse faiblesse de les rompre.
Le son métallique de cette chapelle blanche poussée à la mer par une forêt dense d'asphyxie, la surplombant comme un phare éteint, insinuait le sinistre.
Le vent y soufflait pour mille.

Nous vîmes une silhouette criarde ondulante à la lune. Elle jetait son enfant à la mer. Les torches et les braises d'une haine qu'on ne peut peindre que sourd luisaient en ses traits. Déchainée, les serres du délire l'écorchaient. Elle jetait son enfant et au milieu d'éthers diverses hurlait à voix rompue que les dieux n'existaient pas.
La chapelle poussée au bord de la falaise par les arbres silencieux y surplombe toujours la mer.

14 septembre 2008

Performance quoi.

Ainsi battu aux flancs par l'Angoisse bestiale,
L'esprit, de son cachot, fait résonner ses liens,
Dont les ferailleux chocs contusionnent chacun,
L'Homme paralysé par ce supplice infernal.

A ses yeux effrayés se déploie en furie
Son désert étouffant surpeuplé de fantômes,
Indistincts mais brutaux, sans patrie ni idiome,
Dans lequel il suffoque et bientôt s'amoindrit.

Et de son désespoir recueillant les écumes,
Le Seul boit tout-à-coup sa coupe d'Amertume,
Il brise tous les ponts des possibles dialogues,

Tuant net toute Angoisse et flétrissant sa vie,
Il se provoque à vide et se tue à l'envie,
Quand esseulé, altier, son coeur souhaite la drogue.

31 août 2008

Exactement

Au feu un manuscrit qui ne daigne brûler,
Incrédule, je fais face et avec finesse,
y jette mon hochet. Des linceuls surannés
y protègent Calices en murmurés promesses;
Boire leur doux nectar et le boire à tout prix!

L'âtre d'un marbre blanc, froissant, flamboie; gémit,

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30 août 2008

TDS2

Le guerrier attendri sous sa colosse armure,
Dépose ses armes toutes gorgées du sang
De ses camarades qu'il aimait autrement
Aux pieds d'Aphrodite qui sans voix lui murmure:

"Insolent hérisson tu démets tout tes piques,
Te voilà exposé à ma grand'faim vorace,
Qui nargant ta douceur la juge pathétique,
Comme un homme traqué, au fond d'une impasse!"

"-Déesse de carton, je ne serais moi,
Si je n'avais pas vu ta faux dés l'entrée
Et mon lourd ciel peineux a recouvert ma joie

Mais au jeu de la vie j'accepte mon rôle,
Mon sombre goût aima seul la fatalité
Moi voulant l'abyme je défais ton contrôle!"

30 août 2008

TDS

Assise sur la boue de ton trône avenu,
Seule. Tu contemples d'un regard d'airain,
Comme la prostitué qui se choque d'un nu,
Les faiblesses d'autrui pointées par ta main!

Redresseuse de tort! Tu aurais pû l'être!
Mais tu ne l'es point puisque tu n'es rien.
Et désespérante comme une lettre
Vierge. Tu imagines ton jugement souverain.

Faux! Comprends le monde qui se déploie sous toi,
Vers ceux de ton mépris baisse tes petits yeux,
Entends ton inversion, et du haut, et du bas.

Car pour les faiblesses se trouvent quelques forces,
Ce n'est notre faute si tu n'as nul des deux
Et que tu le caches sous une vaine écorce!

27 décembre 2007

Les vestigesDe la conscienceN'ont le droit

Les vestiges
De la conscience
N'ont le droit d'existence,
Seulement si l'on érige
Les monuments silencieux,
Des sombres souverains sans sujets,
Seuls, atome affranchi, libéré,
Du joug du volontaire et de l'ambitieux.

Vertige imminent, virevoltant dans la nuit
Diurne, je crie là tes isthmes affaiblis.
Au rythme enivrant de tes rougeoiements brusques,
Respirant les remparts d'une sérénité brusque.

Les yeux injectés d'un sang clair, voluptueux,
Les traits bien tirés, la démarche hésitante,
Zigzaguer droitement aux ordres mystérieux,
De l'avènement roi, de la tête balante,

Sans se soucier de savoir s'il est bien vrai,
Que soufflent soudain sous ces fumées embrumées.

Les nèfles de l'ennui et du ricin.
Fendant l'air rugueux du rire-à-rien.

Vivre Vibre Rouge infernal de lenteur
                 car
Haute est la terrasse de mes langueurs.

Eussions-nous été ivre-moi.

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